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Tchad Profond...Mao, la ville sablonneuse.
Bientôt 3 mois de mission à Mao, à 315km au Nord-Ouest de N’Djamena, chef lieu de la région du Kanem...quelques mots sur ma ville d'adoption du moment, et ses habitants :)
Après au minimum 7 heures de voyage sur le sable à travers une végétation d'arbustes et d'épineux, un ouaddi (plus communément appelé "oasis") se pointe à l'horizon.
Ici une vue du ciel de notre base vie + bureaux (les bâtiments en toit de tôle au centre, à gauche nos bureaux et à droite en croix la base vie) :
Vous voilà arrivés, Mao est à 15 minutes: le temps de grimper une dune de sable et apparaissent des maisons toutes bâties de sable et de terre blanche.
A quelques centaines de mètres de l'entrée sud de la ville se dresse le palais du Sultan du Kanem.Aux côtés des maisons, on remarque des constructions en matériaux durables qui font office de bureaux et de logements pour les cadres administratifs et les ONGs. Les rues entrecoupées de dunes de sable sont bosselées et accentuent l'aspect accidenté du site de Mao...sans compter les ravins de différentes largeurs et profondeurs qui entrecoupent la vile d'est en ouest, et handicapent littéralement la circulation d'une rue à l'autre. Dans ce cas là, pas d'autres solutions que d'aller chercher de la terre du ouaddi, argileuse et compacte que l'on place dans des ex-sacs de sucre ou de riz que l'on trouve au marché; ces sacs sont cousus puis placés dans les trous pour continuer à nous permettre de circuler avec nos véhicules .
On compte 56 "ravins" de ce genre à Mao, dont certains avec plus de 6 mètres de profondeur, traversant la ville d'est en ouest.
C'est un réel problème auquel le président Déby a promis de remédier lors des dernières élections...!Voici le ravin qui nous a empêché de sortir les véhicules...du jour au lendemain, après une forte pluie, on se retrouve avec une tranchée d'un mètre de profondeur à combler.
Tout autour de "l'agglomération maolaise", on trouve parsemés par endroits dans les bourgades, des arbustes et autres épineux, et dans le ouaddi, des palmiers dattiers marquant le contour de l'oasis.
L'âne comme moyen de transport
La circulation à pied ou engin à deux roues est rendue difficile par le sable fin et la population du Kanem utilise en général des bêtes domestiques: chameau, cheval et âne pour se déplacer ou pour transporter de l'eau ou des marchandises. Dans la ville de Mao, l'âne est le moyen de transport le plus utilisé. Les enfants les chevauchent en sillonnant la ville avec leur chargement à la recherche des clients. Le cheval et le chameau sont beaucoup plus réservés aux hommes et utilisés pour des longs trajets.
Du laxisme à la cherté de vie...
La ville de Mao est habité par différents communautés du Kanem et celles venues des régions voisines: ce sont les anakassas, les dazas, les gouranes, les tounjours, les kanembous...
Leur activité principale est le commerce. Et ceux qui ne font pas de commerce passent leur temps à l'ombre des cases ou des arbres à paresser toute la journée. Ce sont les femmes qui subviennent majoritairement aux besoins de survie de la famille par des petits commerces. Et pourtant, il y a bien des terres cultivables que leurs maris pourraient exploiter...mais certains préfèrent paresser et attendre l'aide des ONGs par exemple. Ce laxisme a rendu le coût de la vie très cher dans cette région du Tchad: peu d'agriculture faute de moyens humains (et matériels parfois), donc pas assez de nourriture dans la localité, et une famine qui est donc au rendez-vous chaque année, gonflant ainsi le taux de malnutrition chez les femmes enceintes et les enfants.
Cependant, quelques habitants exploitent les terrains cultivables, ce qui nous permet de voir arriver le mercredi notamment, Jour de Grand Marché, des produits frais en abondance comme l'oignon, l'ail, les dattes, carottes/tomates/concombres quand on a de la chance, les aubergines (introduites il y a 2 ans par la FAO...je vous avoue que l'on pense être arrivé au bout de toutes les manières de cuisiner de l'aubergine ces 3 derniers mois!! heureusement qu'on aime tous ça!). On trouve aussi des fruits: beaucoup de bananes, et quelques mangues (bon là on arrive à la fin de la saison), papayes et goyaves. Le mil est aussi disponible, blanc ou rouge, mais personnellement, je ne suis pas fan de la bouillie de mil, non...
Évidemment, le prix de la marchandise est fonction du client: si tu n'es pas de la localité, le prix fixé double facilement... Nos courses alimentaires sont donc réalisés par Papa Ahmat, notre cuisinier officiel à MDM! On a tendance à se faire des fausses joies avec lui, notamment ce jour où il nous annonce tout fier au bureau que ce midi il a prévu je cite "un gratin de pâtes au gruyère!"...et nous, qui reprenons en chœur derrière: "Du Gruyère?!?" Qui s'est révélé être de la Vache qui rit, forcément! (la Vache Qui Rit: une des denrées que tu pourras trouvé partout en Afrique; celles que l'on trouve ici sont fabriquées en Égypte ou encore au Maroc).Mais Ahmat demeure notre magicien des fourneaux, et nous aide à patienter en attendant le prochain retour à N'Djamena où on se jette dans une des épiceries de la ville qui nous comblera momentanément de bonheur parce qu'on y aura trouvé un mini reblochon Pochat (hallucinant mais vrai!!!), un camembert, ou encore une plaque de chocolat, ou une simple orange...!
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Commentaires
2clogexSamedi 24 Septembre 2011 à 15:11Salut !
Bravo pour les photos superbes et la description de Mao, et quelle tâche immense en effet...
Cela me fait penser aux carnets de certains grands voyageurs, j'y vois des aquarelles et des encres, des pastels.
...mais oui, on s'y met bientôt ?
gros bisous de tous
3Cyril74Dimanche 25 Septembre 2011 à 22:17Cc ma tite Anais. Bien cool ce blog. Les photos sont vraiment sympa et les commentaires instructifs.
Dans l'attente de te revoir en terre européenne, je te souhaite une bonne continuation, et je te fais de gros bisous.
4Melly74Jeudi 29 Septembre 2011 à 16:18Hello wapa !!!!
J'avais pas encore lu cette avancée dans ton blog.... keep going !!!! c'est fort appréciable de te lire, en fermant les yeux on peut presque t'imaginer faisant un saut en France pour nous raconter ta dernière anecdote de la semaine !!
Bon courage pour la suite !! et à bientôt !!
<3
5Marie-sophieMardi 18 Octobre 2011 à 21:01Coucou la miss
Un petit mot pour te souhaiter beaucoup de courage dans ta mission. Merci de nous faire partager tout ca. Je pense bien a toi.
Gros bisous
MS
6tontonOrnexDimanche 23 Octobre 2011 à 10:51Nous pensons très fort à toi, nous venons de visionner ton blog : superbes photos qui nous font découvrir ton univers, tellement désiré (la volonté a fait que...). C'est incroyable de te savoir là-bas très très loin, profites en un maximum. Avec de tels paysages et surtout cette inestimable experience humaine, nous sommes persuadés que tout va très bien pour toi. Et c'est l'essentiel... Nous te faisons beaucoup de tendres bisous. Et que l'aventure continue !!! A tout bientôt. JP, Dany et Christophe d'Ornex.
7Edwige ACFJeudi 27 Octobre 2011 à 12:18Milles excuses pour ce long silence. Merci de nous faire un peu voyager. c'est génial. Où en es tu maintenant ? Bon courage pour cette aventure !! Biz
8adam moussaMardi 15 Juillet 2014 à 18:17Bonjour à tous les Maolais et Maolaise et je vous aime tous.
je suis de Tchilla et je réside actuellement a Douala au Cameroun et au revoir
9Lars leinaesVendredi 25 Janvier 2019 à 20:08
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Bonjour,
Un bel éclairage sur la ville de Mao, nous permettant de mieux appréhender toutes les difficultés de la mission, et l'ampleur du travail à accomplir.
Et par ailleurs, pourquoi ne pas écrire ce fameux livre de recettes sur les mille et une façons de cuisiner les aubergines ( à faire préfacer par la FAO !)
Bises d'Annecy